2/15 : Le narcissisme II
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Le coordinateur de ce numéro a évité comme lors du précédent Narcissisme I, la référence à des auteurs qui ont sans nul doute contribué à la redécouverte et à la compréhension de l’importance du narcissisme. Nous avons donc choisi d’écarter des auteurs comme Grunberger, Green, Lacan et bien d’autres[1] dont de nombreux auteurs du groupe lyonnais et anglo-saxons comme par exemple : Bergeret, Madame Cosnier, Guillaumin, R. Roussillon, Bion, Kohut, Krernberg, etc.
N° 2/15 : Le narcissisme II
EDITORIAL
Alain KSENSEE
Le coordinateur de ce numéro a évité comme lors du précédent Narcissisme I, la référence à des auteurs qui ont sans nul doute contribué à la redécouverte et à la compréhension de l’importance du narcissisme. Nous avons donc choisi d’écarter des auteurs comme Grunberger, Green, Lacan et bien d’autres[1] dont de nombreux auteurs du groupe lyonnais et anglo-saxons comme par exemple : Bergeret, Madame Cosnier, Guillaumin, R. Roussillon, Bion, Kohut, Krernberg, etc. Cependant, le lecteur pourra redécouvrir deux auteurs dont les réflexions théoriques nous ont paru d’un grand intérêt. En effet, Jean Gillibert et Paul-Claude Racamier se sont appuyés constamment sur leur expérience clinique de psychiatre et de psychanalyste. Le terreau de leurs réflexions théoriques est dans le cas du narcissisme celui des psychoses graves et de la schizophrénie. Pierre Sullivan nous laisse pressentir dans son Dialogue avec Jean Gillibert. L’identification narcissique combien Gillibert cultivait la « solitude » de sa méditation, sans pour autant priver, pour ceux qui voulaient bien les accueillir : ses étincelles de génie. Pierre Sullivan introduit dans son article à la fois la personnalité du chercheur que fut Jean Gillibert, la place de l’identification narcissique qui interroge l’« être », ce dont Gillibert avait une perception peu commune. C’est cette perception de la problématique de l’ÊTRE et non le socle biologique qui a permis à Jean Gillibert une approche originale et nouvelle d’un concept essentiel de la psychanalyse. L’article de Paul-Claude Racamier consacré aux perversions narcissique, nous a paru particulièrement intéressant car nous découvrons une forme de continuité entre les premiers travaux consacrés à la paranoïa et à la schizophrénie et surtout sa conception du deuil originaire. L’article d’André Carel Séduction et perversion. Leurs métamorphoses, nous propose un éclairage théorique et clinique. Il nous offre une sorte d’introduction à la compréhension de la séduction narcissique, ses enjeux. Toutefois, cette élucidation se fait à partir d’une conception théorique qui considère que le narcissisme primaire n’existe pas[2] . André Carel dans la seconde partie de son article nous invite à une rencontre clinique impressionnante avec un « bébé » de six mois. Le développement sur la temporalité est très important. Bernard Voizot Les difficultés dans la pratique face à la perversion narcissique. Appui sur les références théoriques se livre à un exercice théorico-clinique particulièrement difficile et riche d’enseignements. L’auteur nous montre comment une aventure psychothérapique peut échouer avec un patient « pervers narcissique », patient qui fut un enfant en détresse narcissique. Cet article nous semble être une exception, car il nous introduit à comprendre une forme d’échec. Ce qui n’est pratiquement jamais livré à la sagacité clinique des lecteurs ! La réflexion de Bernard Voizot est donc source d’un véritable enseignement. L’article de Jeanne Defontaine Visages du Narcissisme allie la subtilité d’une clinicienne avertie et une réflexion théorique créative. L’auteur se différencie quelque peu, sans véritablement l’affirmer du moins théoriquement, de la pensée de Jean Laplanche. La première partie de sa réflexion est très didactique ; celle-ci peut permettre au lecteur de saisir la place de la séduction narcissique qui peut être une ouverture au sexuel ou bien devenir un véritable obstacle à l’investissement objectal. Jean-Pierre Caillot La position narcissique paradoxale normale concernant l’individu, la famille et le groupe nous invite dans son article à explorer une avancée clinique à partir des travaux de Paul-Claude Racamier, travaux aussi de Didier Anzieu et de R. Kaës. Nous avancerons l’idée que ces différentes réflexions ont permis à l’auteur de donner un contenu véritable à ce que la psychanalyse génétique qualifiait de symbiotique dans la relation du tout jeune enfant et de sa mère. Le lecteur découvrira l’importance de la trouvaille de Winnicott (l’espace transitionnel) et sa reprise dans les délimitations, du réel, de l’externe et de l’interne. Nous sommes en présence d’une découverte qui systématise et permet une véritable compréhension de la place des fantasme « narcissiques » qui accompagnent les vestiges de l’anteœdipe (selon la perspective de Racamier) et l’établissement de l’Œdipe. La réflexion de l’auteur apparaît comme le prolongement de son étude consacrée au meurtriel et à l’incestuel dont on trouvera une analyse dans le présent numéro. Nous avons donné droit à une intervention orale d’un magistrat juge pour enfant qui aborde Le cadre judiciaire à l’épreuve de la perversion narcissique. Le point de vue du juge pour enfants. L’auteur nous fait découvrir un cadre judiciaire susceptible de favoriser les différentes formes manipulatoires d’un enfant devenu « objet » de leurs familles et dont l’existence est disqualifiée d’emblée. Hervé Hamon nous montre aussi comment le cadre même de la Loi qui s’avère nécessaire, peut être un cadre source d’une relance du développement de l’enfant et de la reconnaissance de sa subjectivité, sans dissimuler au lecteur le « paradoxe » d’un cadre légal qui renforce les mouvements perversifs, si ce n’est la perversion du groupe familial. Le dernier article, Prélude à tout traitement du narcissisme dans les névroses graves et psychoses, par une sorte de hasard éditorial semble être proche de la réflexion de Jean Gillibert. L’auteur évoque la question de l’Être et du narcissisme, à partir d’un présupposé qui n’est plus la biologie, mais la question implicite du « néant. » L’auteur tente une approche destinée à une forme d’introduction à la prise en charge de la dimension narcissique des affections mentales. Bonne lecture...
[1] Tausk fera l’objet d’une étude dans un prochain numéro de la Revue.
[2] Ce qui est en contradiction avec l’affirmation de Freud qui dans L’abrégé de Psychanalyse réitère l’existence d’un narcissisme primaire absolu que la conception structurale ne peut résumer.
SOMMAIRE
- Alain KSENSÉE : Éditorial, p.3
- Pierre SULLIVAN : Dialogue avec Jean Gillibert. L'identification narcissique, p.7
- Paul-Claude RACAMIER : De la perversion narcissique, p. 17
- Jeanne DEFONTAINE : Visage de Narcisse, Séduction et perversion. Le narcissisme face à l'énigme de la séduction, p.31 .
- Hervé HAMON : Le cadre judiciaire à l'épreuve de la perversion narcissique. Le point de vue du juge des enfants, p.49 .
- Bernard VOIZOT : Les difficultés dans la pratique face à la perversion narcissique. Appui sur les références théoriques, p.71-
- André CAREL : Séduction et perversion. Leurs métamorphoses, p.89
- Jean-Pierre CAILLOT : La position narcissique paradoxale normale concernant l'individu, la famille et le groupe, p. 105
- Alain KSENSÉE : Cinquante ans de clinique Psychiatrique. V. Prélude à tout traitement du narcissisme dans les névroses graves et les Psychoses, p. 135
LE PSYCHOPOLITAIN
- Le fils de Saul de Laslo Nemès, film analysé par Monique BYDLOWSKI, p. 149
ENVIES DE LIRE
- « Aliénation et accélération, vers une théorie critique de la modernité tardive " de Rosa Hartmut, ouvrage analysé par Dominique TABONE-WEIL, p. 153
- Le Meurtriel et l'incestuel et le traumatique de Jean-Pierre Caillot ouvrage analysé par Alain KSENSEE, p.162
N° 2/15 : Le narcissisme II
EDITORIAL
Alain KSENSEE
Le coordinateur de ce numéro a évité comme lors du précédent Narcissisme I, la référence à des auteurs qui ont sans nul doute contribué à la redécouverte et à la compréhension de l’importance du narcissisme. Nous avons donc choisi d’écarter des auteurs comme Grunberger, Green, Lacan et bien d’autres[1] dont de nombreux auteurs du groupe lyonnais et anglo-saxons comme par exemple : Bergeret, Madame Cosnier, Guillaumin, R. Roussillon, Bion, Kohut, Krernberg, etc. Cependant, le lecteur pourra redécouvrir deux auteurs dont les réflexions théoriques nous ont paru d’un grand intérêt. En effet, Jean Gillibert et Paul-Claude Racamier se sont appuyés constamment sur leur expérience clinique de psychiatre et de psychanalyste. Le terreau de leurs réflexions théoriques est dans le cas du narcissisme celui des psychoses graves et de la schizophrénie. Pierre Sullivan nous laisse pressentir dans son Dialogue avec Jean Gillibert. L’identification narcissique combien Gillibert cultivait la « solitude » de sa méditation, sans pour autant priver, pour ceux qui voulaient bien les accueillir : ses étincelles de génie. Pierre Sullivan introduit dans son article à la fois la personnalité du chercheur que fut Jean Gillibert, la place de l’identification narcissique qui interroge l’« être », ce dont Gillibert avait une perception peu commune. C’est cette perception de la problématique de l’ÊTRE et non le socle biologique qui a permis à Jean Gillibert une approche originale et nouvelle d’un concept essentiel de la psychanalyse. L’article de Paul-Claude Racamier consacré aux perversions narcissique, nous a paru particulièrement intéressant car nous découvrons une forme de continuité entre les premiers travaux consacrés à la paranoïa et à la schizophrénie et surtout sa conception du deuil originaire. L’article d’André Carel Séduction et perversion. Leurs métamorphoses, nous propose un éclairage théorique et clinique. Il nous offre une sorte d’introduction à la compréhension de la séduction narcissique, ses enjeux. Toutefois, cette élucidation se fait à partir d’une conception théorique qui considère que le narcissisme primaire n’existe pas[2] . André Carel dans la seconde partie de son article nous invite à une rencontre clinique impressionnante avec un « bébé » de six mois. Le développement sur la temporalité est très important. Bernard Voizot Les difficultés dans la pratique face à la perversion narcissique. Appui sur les références théoriques se livre à un exercice théorico-clinique particulièrement difficile et riche d’enseignements. L’auteur nous montre comment une aventure psychothérapique peut échouer avec un patient « pervers narcissique », patient qui fut un enfant en détresse narcissique. Cet article nous semble être une exception, car il nous introduit à comprendre une forme d’échec. Ce qui n’est pratiquement jamais livré à la sagacité clinique des lecteurs ! La réflexion de Bernard Voizot est donc source d’un véritable enseignement. L’article de Jeanne Defontaine Visages du Narcissisme allie la subtilité d’une clinicienne avertie et une réflexion théorique créative. L’auteur se différencie quelque peu, sans véritablement l’affirmer du moins théoriquement, de la pensée de Jean Laplanche. La première partie de sa réflexion est très didactique ; celle-ci peut permettre au lecteur de saisir la place de la séduction narcissique qui peut être une ouverture au sexuel ou bien devenir un véritable obstacle à l’investissement objectal. Jean-Pierre Caillot La position narcissique paradoxale normale concernant l’individu, la famille et le groupe nous invite dans son article à explorer une avancée clinique à partir des travaux de Paul-Claude Racamier, travaux aussi de Didier Anzieu et de R. Kaës. Nous avancerons l’idée que ces différentes réflexions ont permis à l’auteur de donner un contenu véritable à ce que la psychanalyse génétique qualifiait de symbiotique dans la relation du tout jeune enfant et de sa mère. Le lecteur découvrira l’importance de la trouvaille de Winnicott (l’espace transitionnel) et sa reprise dans les délimitations, du réel, de l’externe et de l’interne. Nous sommes en présence d’une découverte qui systématise et permet une véritable compréhension de la place des fantasme « narcissiques » qui accompagnent les vestiges de l’anteœdipe (selon la perspective de Racamier) et l’établissement de l’Œdipe. La réflexion de l’auteur apparaît comme le prolongement de son étude consacrée au meurtriel et à l’incestuel dont on trouvera une analyse dans le présent numéro. Nous avons donné droit à une intervention orale d’un magistrat juge pour enfant qui aborde Le cadre judiciaire à l’épreuve de la perversion narcissique. Le point de vue du juge pour enfants. L’auteur nous fait découvrir un cadre judiciaire susceptible de favoriser les différentes formes manipulatoires d’un enfant devenu « objet » de leurs familles et dont l’existence est disqualifiée d’emblée. Hervé Hamon nous montre aussi comment le cadre même de la Loi qui s’avère nécessaire, peut être un cadre source d’une relance du développement de l’enfant et de la reconnaissance de sa subjectivité, sans dissimuler au lecteur le « paradoxe » d’un cadre légal qui renforce les mouvements perversifs, si ce n’est la perversion du groupe familial. Le dernier article, Prélude à tout traitement du narcissisme dans les névroses graves et psychoses, par une sorte de hasard éditorial semble être proche de la réflexion de Jean Gillibert. L’auteur évoque la question de l’Être et du narcissisme, à partir d’un présupposé qui n’est plus la biologie, mais la question implicite du « néant. » L’auteur tente une approche destinée à une forme d’introduction à la prise en charge de la dimension narcissique des affections mentales. Bonne lecture...
[1] Tausk fera l’objet d’une étude dans un prochain numéro de la Revue.
[2] Ce qui est en contradiction avec l’affirmation de Freud qui dans L’abrégé de Psychanalyse réitère l’existence d’un narcissisme primaire absolu que la conception structurale ne peut résumer.
SOMMAIRE
- Alain KSENSÉE : Éditorial, p.3
- Pierre SULLIVAN : Dialogue avec Jean Gillibert. L'identification narcissique, p.7
- Paul-Claude RACAMIER : De la perversion narcissique, p. 17
- Jeanne DEFONTAINE : Visage de Narcisse, Séduction et perversion. Le narcissisme face à l'énigme de la séduction, p.31 .
- Hervé HAMON : Le cadre judiciaire à l'épreuve de la perversion narcissique. Le point de vue du juge des enfants, p.49 .
- Bernard VOIZOT : Les difficultés dans la pratique face à la perversion narcissique. Appui sur les références théoriques, p.71-
- André CAREL : Séduction et perversion. Leurs métamorphoses, p.89
- Jean-Pierre CAILLOT : La position narcissique paradoxale normale concernant l'individu, la famille et le groupe, p. 105
- Alain KSENSÉE : Cinquante ans de clinique Psychiatrique. V. Prélude à tout traitement du narcissisme dans les névroses graves et les Psychoses, p. 135
LE PSYCHOPOLITAIN
- Le fils de Saul de Laslo Nemès, film analysé par Monique BYDLOWSKI, p. 149
ENVIES DE LIRE
- « Aliénation et accélération, vers une théorie critique de la modernité tardive " de Rosa Hartmut, ouvrage analysé par Dominique TABONE-WEIL, p. 153
- Le Meurtriel et l'incestuel et le traumatique de Jean-Pierre Caillot ouvrage analysé par Alain KSENSEE, p.162