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3/15 : Précarité économique

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Lorsqu’une société occidentale commence à rencontrer des difficultés, assez rapidement, devient visible, ce qui en d’autres temps reste caché ou discret, les sans-domiciles en nombre, les paumés, les clochards, tous ceux qui touchent le fond

N° 3/15 : Précarité économique

Yves MANELA

Lorsqu’une société occidentale commence à rencontrer des difficultés, assez rapidement, devient visible, ce qui en d’autres temps reste caché ou discret, les sans-domiciles en nombre, les paumés, les clochards, tous ceux qui touchent le fond. Il y a alors mille et une façons de perdre pied et de s’enfoncer dans la solitude relationnelle ou le désastre socio-économique, alors la pathologie médicale et psychiatrique se mélangent sans que l’on puisse distinguer une causalité simple. La diminution des moyens financiers en psychiatrie adulte a eu pour effet de jeter de grands malades sur les trottoirs. À l’époque le débat sur les abris de nuit me déprimait et m’irritait car il s’agissait de sauver du froid et de cacher plus ou moins la dureté d’une société envers des hommes et des femmes enfermés dans leur solitude. C’est ainsi que le samu social et les policiers se sont retrouvés vite en position d’« éducateurs » d’infirmiers ou de psychiatres. Il faut du temps pour accepter qu’un moyen à soi seul ne puisse rien résoudre. Un logement seul, sans rencontres soutenues et sans suivi attentif échoue. On pourrait en dire autant des solutions qui ne tiennent pas compte des difficultés concrètes et matérielles. Intervenir dans ce domaine demande beaucoup d’humilité et de patience. Il ne faut pas être déçus des rendez-vous manqués, des rechutes et de la susceptibilité de ces gens abandonnés, de leur méfiance administrative et de leur secrète colère. Plutôt endurer la misère et la maladie que la déception et l’humiliation. Une anecdote : il y a de nombreuses années j’avais été sollicité pour savoir si dans un accueil de jour il fallait une cuisine pour préparer des repas et une boisson. Est-ce que les patients n’en profiteraient pas pour venir juste manger avec la peur pour le centre d’être transformé en « soupe populaire »... ? Je m’étais fâché en discutant la perte du sens de l’accueil et de la rencontre, repas ou pas. Je me suis laissé dire par la suite que l’ouverture de cette cuisine s’était révélée bien utile et sans abus. Intervenir en psychiatrie auprès de migrants c’est souvent être pris pour un rouage administratif porteur d’ennuis, il faut savoir s’en démarquer. Intervenir auprès de sujets dans la précarité c’est être une administration et la nième rencontre pleine de promesses souvent déçus. Il faut ajouter sur un plan général que la désorganisation est beaucoup plus rapide que l’on croit. Le coût, au-delà de tout point de vue moral, en est très élevé. On l’a vu dans de nombreux pays occidentaux chez des gens dont on ne pensait pas qu’ils plongeraient dans la précarité : petits salaires précaires, chômage, endettement, familles monoparentales, etc., la défaite étant déclenchée par des évènements très divers.