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1/12 : De la philosophie en psychiatrie

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Suivant une représentation courante, la psychiatrie apparaît caractérisée par des rapports frontaliers avec les sciences de la nature et les sciences humaines. Ces deux rapports dessinent des zones frontières qui témoignent de la complexité de la pratique psychiatrique et la diversité de ses références théoriques.

N°1/12 : De la philosophie en psychiatrie

ÉDITORIAL

Alain KSENSÉE

 

Suivant une représentation courante, la psychiatrie apparaît caractérisée par des rapports frontaliers avec les sciences de la nature et les sciences humaines. Ces deux rapports dessinent des zones frontières qui témoignent de la complexité de la pratique psychiatrique et la diversité de ses références théoriques. L’Association Française de Psychiatrie s’est penchée lors de ce colloque (1) sur l’une de ces zones frontières : la philosophie. Un aperçu historique même incomplet révèle que cette zone frontière est très fluctuante. Au plus près de notre époque, l’œuvre de Jackie Pigeaud nous montre le rôle décisif de la philosophie dans le champ hospitalier. La philosophie a conféré à l’aliénisme inauguré par Dacquin et Pinel la possibilité d’une première observation essentielle. La psychiatrie concerne la vie psychique de l’être humain dans ses manifestations pathologiques. Cette constatation ne met en évidence aucun fondement susceptible d’introduire une théorie et son domaine de validité. Chaque praticien lucide se trouve confronté au regard de sa pratique et de ses références théoriques, à une « catastrophe épistémologique. » La psychiatrie n’est pas la seule spécialité médicale qui est confrontée à un traumatisme épistémologique. Mais elle semble bien avoir une prédisposition, à recourir à l’expédient d’une pensée analogique, pour tenter de voiler l’absence de son domaine de validité. Ce qui est caricatural dans sa rencontre avec les neurosciences, se révèle manifestement plus dissimulé et plus complexe du fait de l’état de la philosophie. Les philosophes après Platon et Aristote ont laissé aux médecins le problème de la folie humaine. Mais tous les systèmes philosophiques ne peuvent ignorer la dimension ontologique de l’être humain : un réel qui réclame leurs réflexions, leurs théories. La métaphysique ne peut ignorer « la folie humaine. » L’être humain tel que nous le présente la métaphysique depuis Aristote est un animal rational. Cette situation quasi originaire a contribué à donner naissance à une série de spécialités regroupées sous l’intitulé : Sciences humaines ; lesquelles sous la férule de la philosophie positive du XIXe siècle, régie par le « processus », ignorent jusqu’à cette origine. Ce sont pour la psychiatrie : la psychologie, anthropologie, sociologie, ethnologie, la psychanalyse... Lorsque le psychiatre se tourne vers la philosophie, elle ne peut que constater qu’il n’existe en philosophie aucun domaine précis. Ces différentes contributions dont l’originaire se situe dans une dissolution de la métaphysique, ne pouvaient par essence proposer aux psychiatres un fil directeur. Cette conception de la condition humaine qui est celle d’un animal « rational » ou plus récemment avec Freud « sexualis » inscrit la présence de la valeur dans tous les systèmes métaphysiques, qui interrogent la dimension ontologique de la condition humaine. L’intitulé de ce colloque « Les bases philosophiques de la psychiatrie : la nécessaire conscience de la science ? » en témoigne. La philosophie nous invite à des interrogations salutaires : le déchainement instinctuel, meurtrier d’un être humain, procèdent-ils encore d’une raison ou d’une liberté ? Ces interrogations sont celles de la métaphysique de l’éthique. En fait, c’est bien le seul fil rouge que la philosophie propose à la Psychiatrie. Même la métaphysique de la connaissance (avec Kant et Hegel) ou celle de la métaphysique de l’animalité sensible (avec Schopenhauer et Nietzsche) ne nous offrent rien d’aussi essentiel. Cependant, si les différentes contributions ne peuvent donner au lecteur les prémisses d’une synthèse possible et au numéro de notre revue une unité ; elles nous invitent par leurs dispersions à réfléchir sur les différentes guises de nos théories et pratiques cliniques.

 

(1) Les interventions de ce numéro ont été recueillies à l’issu du colloque proposé par l’Association Française de Psychiatrie intitulé « Les bases philosophiques de co-psychiatrie : la nécessaire conscience de la science ? » qui eut lieu le 10 novembre 2011 à Paris.