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1/16 : Adolescence et cinéma

25,00

À Claude Jean Philippe le passeur

Adolescence et cinéma – le présent numéro spécial de Psychiatrie Française s’inscrit dans le prolongement du Volume XXXXV 3/14, Figures mythiques du cinéma qui a été coordonné par Maurice Corcos et Daniel Hurvy en 2015. Cinéma et psychanalyse – un lien fertile, presque gémellaire, ayant fait l’objet de nombreuses recherches, ciné-clubs, séminaires, publications et colloques[i].

[i]Citons, parmi les multiples initiatives de porter un regard psychanalytique sur des films, les ciné-clubs animés respectivement par Dimitri Weyl à l’Université ParisDiderot, par Marie-Odile Godard, Amal Bernoussi et Olivier Nicolle à l’Université de Picardie Jules Verne, et « Le regard qui bat » proposé par Jean-Jacques Moscovitz dans le cadre de Psychanalyse actuelle, au Cinéma Étoile à Saint-Germain de Près, Paris. À l’APEP, Jean-Gérald Veyrat a co-animé, avec Adama Boulanger et Jean-François Allilaire, le séminaire « Psychanalyse et cinéma », à la Salpétrière. Puis, en collaboration avec la Société Médico-Psychologique, Veyrat a consacré, en juin 2016, une journée d’étude à Cinéma et Psychiatrie au Cinéma Le Brady. De très nombreux ouvrages et revues explorent le lien entre cinéma et psychanalyse. À titre d’exemple, mentionnons Guy Hennebelle (éd. 1989), qui consacre le numéro 50 de CinémAction à Cinéma et psychanalyse, no 50 (Corlet, Paris). Christian Metz (1989) intègre des apports lacaniens à sa théorie du cinéma ; le Centre Culturel International de Cerisy-la-Salle aborde, dès le colloque Art et Psychanalyse (1962), puis Psychanalyse des arts de l’image (1980), les enjeux et subtilités de l’image cinématographique. Pascal Bonitzer traite, dans ses Essais sur le cinéma, du Champ aveugle (1982) ; dans Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Lacan sans jamais oser le demander à Hitchcock (1988, 2010), Slavoj Zizek met des notions lacaniennes telle la pulsion scopique et l’objet a au travail ; Dupont S., Paris H. (dir., 2013), L’adolescente et le cinéma. De Lolita à Twilight, Préface par Serge Tisseron, coll. La vie de l’enfant, Toulouse, Érès. Jean-Jacques Moscovitz vient de publier Rêver de réparer l’histoire : entre cinéma et psychanalyse (2015)…

 

N° 1/16 : Adolescence et cinéma

Introduction

Silke SCHAUDER*, Maurice CORCOS**

 

À Claude Jean Philippe le passeur

Adolescence et cinéma – le présent numéro spécial de Psychiatrie Française s’inscrit dans le prolongement du Volume XXXXV 3/14, Figures mythiques du cinéma qui a été coordonné par Maurice Corcos et Daniel Hurvy en 2015. Cinéma et psychanalyse – un lien fertile, presque gémellaire, ayant fait l’objet de nombreuses recherches, ciné-clubs, séminaires, publications et colloques[i]. Ce nouveau volume réuni par Silke Schauder et Maurice Corcos aborde, sous plusieurs angles et en faisant une large place à la subjectivité du spectateur, ce temps si singulier qu’est adolescence et ses représentations au cinéma – la fluidité et la malléabilité du médium se prêtant à merveille pour figurer les crises, transitions et ruptures qui la constituent. Procédant comme le rêve par condensation et déplacement[ii] , l’écran permet de saisir, souvent de manière fulgurante, les différents temps du processus et de la métamorphose adolescente – les temps mutatifs ou régressifs, les temps jubilatoires, les temps extatiques, les temps dissociatifs et catastrophiques, les temps des premiers émois sexuels[iii] et de la rencontre avec la mort, le temps de la violence, le temps de la désillusion et du désenchantement maturatifs, le temps du deuil des premiers objets libidinaux... Au-delà des thèmes, la force émotionnelle d'un film sur l’adolescence tient à la prise de conscience de la pluralité des formes et donc des images possibles pour les figurer, que peut prendre le conflit, voire le drame intérieur. Découvrir l’essence de l’adolescence par l’intermédiaire du style. Foin d’analyse ou de démonstration, ici, la place est laissée à l’interprétation imaginative du spectateur. Révélation par l’intérieur et non description comportementale de la remise en doute à cet âge des fondements du réel. Et c’est pourquoi il nous revient à nous critiques amateurs mais vrais amoureux de disserter sur la symbolisation sémiotique propre du cinéma : Filmer, monter, « mettre en œuvre une forme de pensée imageante qui a le mérite de relever à la fois des processus primaire et secondaire et de les réconcilier ». Le « horschamp » et le « hors temps », la question du « point de vue » et « d’où on filme » comme « le cadre limitant qui sont symboligènes » sont à questionner pour nous procurer, espérons-le, un surcroît de savoir et de plaisir. Moteur, action !

Le regretté Jean-Gérald Veyrat (†)[iv] dresse, dans sa contribution Adolescence et cinéma, un panorama de quatorze films qui traitent de manière paradigmatique de l’adolescence selon quatre volets thématiques : Les ados ayant soif d’amour, Les ados assassins, Les ados solitaires, Les ados incestueux.

Dans Whiplash (2014), Vincent Estellon analyse le Coup de fouet que donne le réalisateur Damien Chazelle au devenir musicien d’Andrew Neumann. Celui-ci doit s’affranchir tant de la tutelle trop tendre de son père que de la soumission à son mentor tyrannique, Terrance Fletcher, pour pouvoir réaliser son rêve – devenir un batteur hors pair.

Mehdi Delhaye et Christian Mille, dans Naguère, des étoiles... montrent comment une mythologie moderne – ici, la Saga Star Wars de George Lucas – peut être mise au travail dans la relation thérapeutique avec les adolescents, permettant d’aborder les modèles identificatoires, affiliatives et initiatiques qui y figurent.

Pablo Votadoro montre dans son analyse du Pinocchio de Comencini (1975) comment la transformation du pantin figure la métamorphose adolescente, où la recherche d’autonomie s’accompagne des bouleversements corporels et psychiques du pubertaire.

Silke Schauder évoque, dans son article Charlie Chaplin ou le rire adolescent, la figure du tramp comme un être en perpétuel à-venir qui instaure, grâce à l’humour, un rapport ludique à la frustration, à l’échec et à l’opposition sempiternelle des objets.

Fasciné depuis son adolescence par le film et le personnage de Lawrence d’Arabie, Gérard Pirlot nous en livre un commentaire à la fois personnel et analytique, en dessinant le désert comme espace de tous les possibles et avers du désir.

Michel Wawrzyniak, quant à lui, s’intéresse à la récurrence des adolescents qui meurent dans les films d’Andrzej Wajda, leur disparition offrant une métaphore de la tragédie, du non avenu de leur pays, la Pologne.

Dans leur contribution L’arrière-langue en interprétation : Freud, Mahler, Visconti, Anne-Marie Smith et Ariel Liberman étudient La mort à Venise qui leur permet de porter un regard subtil sur un moment d’adolescence au tournant du siècle.

Maurice Corcos fait apparaître, dans son analyse du mythique film de Hitchcock, Vertigo, la mélancolie du fantastique ou comment l’imaginaire du héros Scottie, éternel adolescent, a pris chair sang et nerfs en l’énigmatique et duplice Madeleine qui lui signifie sensuellement et maternellement que le plaisir dans l’accomplissement de ses fantasmes infantiles est un naufrage.

L’ensemble des contributions, tel un kaléidoscope, est destiné à éclairer sous différentes facettes, le processus adolescent, ses aléas et ses vicissitudes qui, magnifiés sur le grand écran de nos rêves, pourront illuminer nos interrogations existentielles, mais aussi cliniques et thérapeutiques.

 

 

 

* Professeur de Psychologie Clinique et Psychopathologie, Université de Picardie Jules Verne, Psychologue clinicienne, art-thérapeute.

** Professeur de Psychiatrie infanto-juvénile à l’Université Paris Descartes, Chef du service de Psychiatrie de l’Adolescent et de l’adulte jeune à l’Institut Mutualiste Montsouris, Paris,

[i]Citons, parmi les multiples initiatives de porter un regard psychanalytique sur des films, les ciné-clubs animés respectivement par Dimitri Weyl à l’Université ParisDiderot, par Marie-Odile Godard, Amal Bernoussi et Olivier Nicolle à l’Université de Picardie Jules Verne, et « Le regard qui bat » proposé par Jean-Jacques Moscovitz dans le cadre de Psychanalyse actuelle, au Cinéma Étoile à Saint-Germain de Près, Paris. À l’APEP, Jean-Gérald Veyrat a co-animé, avec Adama Boulanger et Jean-François Allilaire, le séminaire « Psychanalyse et cinéma », à la Salpétrière. Puis, en collaboration avec la Société Médico-Psychologique, Veyrat a consacré, en juin 2016, une journée d’étude à Cinéma et Psychiatrie au Cinéma Le Brady. De très nombreux ouvrages et revues explorent le lien entre cinéma et psychanalyse. À titre d’exemple, mentionnons Guy Hennebelle (éd. 1989), qui consacre le numéro 50 de CinémAction à Cinéma et psychanalyse, no 50 (Corlet, Paris). Christian Metz (1989) intègre des apports lacaniens à sa théorie du cinéma ; le Centre Culturel International de Cerisy-la-Salle aborde, dès le colloque Art et Psychanalyse (1962), puis Psychanalyse des arts de l’image (1980), les enjeux et subtilités de l’image cinématographique. Pascal Bonitzer traite, dans ses Essais sur le cinéma, du Champ aveugle (1982) ; dans Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Lacan sans jamais oser le demander à Hitchcock (1988, 2010), Slavoj Zizek met des notions lacaniennes telle la pulsion scopique et l’objet a au travail ; Dupont S., Paris H. (dir., 2013), L’adolescente et le cinéma. De Lolita à Twilight, Préface par Serge Tisseron, coll. La vie de l’enfant, Toulouse, Érès. Jean-Jacques Moscovitz vient de publier Rêver de réparer l’histoire : entre cinéma et psychanalyse (2015)...

[ii] Cf. Weyl, Dimitri (2011). Rapports de pouvoir – narcissisme et images : une étude psychanalytique et psychopathologique dans la culture contemporaine. Thèse dirigée par Fethi Benslama, Université Paris Diderot.

[iii] Balthus, célèbre pour ses tableaux de jeunes filles nubiles, souvent peintes dans des poses ambiguës, joue sur l’idée de l’innocence perdue à l’adolescence : « Je vois les adolescentes comme un symbole. Je ne pourrai jamais peindre une femme. La beauté de l’adolescente est plus intéressante. L’adolescente incarne l’avenir, l’être avant qu’il ne se transforme en beauté parfaite. Une femme a déjà trouvé sa place dans le monde, une adolescente, non. Le corps d’une femme est déjà complet. Le mystère a disparu. »

[iv] Cf., parmi ses très nombreuses contributions au cinéma et ses liens avec la psychanalyse et la psychiatrie, http://www.artefake.com/L-ILLUSION-CINEMATOGRAPHIQUE.html et Veyrat, J. (2012). Le projectionniste, éditions Glyphe, Paris ;