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2/13 : A Roger Misès

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2/13 : A Roger Misès

Je crois avoir été un peu plus qu’un collègue dans mes relations avec Roger Misès. Notre intérêt pour le déficit et les psychoses infantiles, notre travail commun à la revue de Psychiatrie Française, à l’Association Française de Psychiatrie, à la Société de Psychanalyse, plusieurs voyages en France et à l’étranger pour divers séminaires et une amitié épicurienne nous ont souvent rapprochés. Je n’ai pas été en fonction à la Fondation Vallée, mais Roger m’a permis de la fréquenter et de bien la connaître.

2/13 : A Roger Misès

ÉDITORIAL

« Informatiquez », c’est plus sûr !

Yves MANELA

Je crois avoir été un peu plus qu’un collègue dans mes relations avec Roger Misès. Notre intérêt pour le déficit et les psychoses infantiles, notre travail commun à la revue de Psychiatrie Française, à l’Association Française de Psychiatrie, à la Société de Psychanalyse, plusieurs voyages en France et à l’étranger pour divers séminaires et une amitié épicurienne nous ont souvent rapprochés. Je n’ai pas été en fonction à la Fondation Vallée, mais Roger m’a permis de la fréquenter et de bien la connaître. Médecin dans le XIIIe aux côtés de Serge Lebovici, René Diatkine, Colette Chiland, Janine Simon, Évelyne Kestemberg et bien d’autres, j’ai connu une époque où nos deux institutions le Centre Alfred Binet et la Fondation ont permis un dialogue riche tant clinique que classificatoire. Il faut dire que dans les années 70, ma génération s’est formée en grande partie dans les XIIIe et XIVe arrondissements et à la Fondation. En réfléchissant, je me suis demandé si je n’allais pas écrire un article de science-fiction utilisant une clinique normée par des classifications informatiques symptomatiques dont l’évolution des graphes sur écran tiendraient lieu de dossier, d’évolution et de guérison. Trois questionnaires : un des symptômes, un de l’humeur, le troisième de l’adaptation sociale, seraient corrélés avec l’évolution du traitement pharmacologique. Des tests cognitifs compléteraient le dossier des enfants. De fait je me suis vite aperçu que mon projet n’avait rien d’une fiction puisque j’avais déjà visité des services en France ou à l’étranger utilisant ce modèle non pas pour la recherche ou une précision diagnostique mais comme clinique de diagnostic et de thérapeutique. Beaucoup de ces recherches sont très importantes et proposent des hypothèses qui conduisent de nouvelles façons de penser, mais pourquoi diable, en psychiatrie, rechercher la classification universelle avant même que ces nouvelles découvertes soient faites ou mises suffisamment à l’épreuve de la thérapeutique ? En plus, toute classification contient son idéologie, alors pourquoi une idéologie unique ? L’informatique, pour les tenants d’une telle façon de faire, doit-elle amoindrir voire effacer le clinicien, celui qui s’appuie sur la relation, sa subjectivité, son savoir et qui ne serait pas assez objectif dans la recherche d’une solution pour tous. Ce mouvement, en lui-même violent, cache une utopie peut-être louable mais redoutable, la réduction de tous les comportements de toutes les pensées, de toutes les relations à une explication physique, biochimique, génétique et cérébrale. Les praticiens et les chercheurs n’admettant pas cela sont « has been », se fourvoient et n’auront plus de crédit. Ce genre de pensée, quand elle prend la forme d’une idéologie, devient très dangereuse car elle oblige à condamner ceux qui ne pensent pas de la même manière comme des ennemis du projet et du progrès. Ce n’est qu’une classification qui permettrait de mettre le monde entier d’accord sur ce dont on parle, « un progrès », me répondra-t-on. C’est inexact : ce genre d’idéologie modélise la pensée et devient le principe de base de tout enseignement des médecins généralistes, des psychiatres, des psychologues et du personnel paramédical. Le défaut ce n’est pas une nouvelle forme de pensée permettant le développement de recherches, c’est le raz-de-marée balayant la majeure partie des constructions sur son chemin. L’histoire de la psychiatrie est faite d’oscillations entre le substrat organique et la compréhension du travail psychique. J’ai un vœu pieux qui risque de devenir nostalgique, laissons-les dialoguer ensemble. Quand cela est rendu possible par îlots, le débat et sa précision sont fructueux et permettent des avancées. À propos de nostalgie et de disparition, après les névroses, des psychoses infantiles du DSM (ce qui peut amener de nombreuses erreurs cliniques et des thérapeutiques inadéquats) je me souviens très clairement des enjeux d’un débat entre les psychiatres du XIIIe et Roger Misès à une époque où chacun développait sa classification et remplissait un questionnaire assez complet pour chaque enfant vu en consultation (au début des années 70 toutes ces fiches remplies avec soin n’ont pas autant servi que nous le souhaitions, l’informatique étant balbutiante). Chacun recherchait une précision clinique actuelle et voulait laisser ouverte la potentialité d’évolution future due au développement de l’enfant, aux mouvements de l’environnement et au changement des pathologies.

Nous cherchions à préciser nos hypothèses sur le devenir de certaines organisations pathologiques. René Diatkine proposait de concevoir une prépsychose de l’enfant. Le terme n’était pas très bien choisi car il ne s’agissait pas d’une évolution temporelle mais des particularités du fonctionnement psychique d’une période. La question était importante car nous avions assez souvent en consultation des enfants présentant de multiples symptômes névrotiques ne leur servant pas de défenses suffisantes. En relation au consultant, ces enfants étaient débordés par leurs fantasmes prégénitaux et des angoisses archaïques et se montraient vite désorganisés. Cela nous permettait de repérer des contre-indications de psychothérapie en tout cas dans un premier temps et de proposer des modalités thérapeutiques utilisant des médiations individuelles ou groupales. La plupart de ses enfants présentait des difficultés d’acquisition nécessitant des traitements spécifiques. Roger Misès trouvait la notion très pointue et difficile à utiliser dans une classification diagnostic. Il pensait qu’il fallait constater les difficultés cognitives diverses et les troubles psychiques associés mais il fallait aussi tenir compte du mouvement évolutif possible en laissant comme dans la prépsychose le devenir ouvert. Roger a alors réussi à convaincre – et ce n’était pas facile – le groupe que nous formions de garder notre repérage dans une clinique psychanalytique mais d’adopter une notion un peu différente et parlante dans les milieux psychiatriques la notion de dysharmonie évolutive plus large, contenant nos préoccupations et tout à fait ouverte sur l’avenir névrotique ou psychotique. Très bon politique Roger Misès a impulsé la création d’une classification française ouverte offrant toutes les possibilités étiologiques, perfectible mais d’une finesse sans égal chez l’enfant. Les développements de la classification du bébé et de l’adolescent ont rendu l’outil infiniment plus utile que la CIM 10 ou 11 et le DSM. Une classification n’est pas faite pour faire reculer les connaissances du psychiatre « moyen » mais pour le faire réfléchir et avancer. Quand aux statistiques nationales des maladies mentales, leur relevé devient erroné ou tout au moins trop grossier. C’est ainsi que l’on peut gonfler ou réduire des proportions pathologiques par idéologie. L’autisme, les psychoses infantiles, une large partie de la psychiatrie de l’adolescent et du bébé, ça fait beaucoup pour des classifications à informatiquer qui entérinent en grande partie un déni de la psychopathologie française.

SOMMAIRE

  • Yves MANELA : Éditorial, p. 3
  • Gérard SCHMIT : Allocution de présentation de la journée scientifique des associations en hommage au professeur Roger Misès, p. 6
  • ]ean GARRABÉ : Hommage à Roger Misès, p. 11
  • N. GARRET-GLOANEC, F. ROOS-WEIL, A.S. PERNEL : Le rôle de la notion de pathologie limite en psychiatrie du bébé, p. 18
  • Lenio RIZZO, Lodovico PERULLI : Misès en Italie : invitation à la clinique, p.28
  • Danièle BRUN : L'amitié entre Roger Misès et Conrad Stein, In memoriam, p. 40
  • Bernard DURAND : L'évolution de l'organisation des soins en psychiatrie : du bureau de la psychiatrie aux ARS en passant par la commission des maladies mentales, p. 44
  • Catherine JOUSSELME, Jean CHAMBRY : La cure en institution : quels enjeux pour quelle modernité ?, p.57
  • Michel WAWRZYNIAK : L'adolescence aux confins de la folie. Les luttes psychiques à l'adolescence dans leurs rapports avec les pathologies limites et avec les variations de la normale, p.67
  • Gilbert DIELBOLD : L'avenir de la pensée de Misès, p.78
  • Maurice CORCOS, Alejandro ROJAS-URREGO : La bibliothèque de Roger, p. 82
  • Jacques HOCHMANN : La dialectique psychiatrie-antipsychiatrie et les DSM, p. 87
  • Marie-Michèle BOURRAT : Les pathologies limites chez l'enfant, hier et aujourd'hui, p. LL4

LE PSYCHOPOLITAIN

  • Only god forgives de Nicolas Winding Refn, film analysé par Pierre SULLIVAN, p. 132
  • L'inconnu du lac de Alain Guiraudie, film analysé par Pierre SULLIVAN, p. 133

ENVIE DE LIRE

  • Sur la Scène Intérieure de Marcel Cohen, ouvrage analysé par Lydia LIBERMAN-GOLDENBERG, p.135